"The Mark of Zorro", Johnston McCulley.
(Oui, il y a comme un thème récurrent, ces jours-ci XD)
Old California, in a bygone era of sprawling haciendas and haughty caballeros, suffers beneath the whiplash of oppression. Missions are pillaged, native peasants are abused, and innocent men and women are persecuted by the corrupt governor and his army.
But a champion of freedom rides the highways. His identity hidden behind a mask, the laughing outlaw defies a tyrant's might. A deadly marksman and a demon swordsman, his flashing blade leaves behind...
First published in 1919, The Mark of Zorro has inspired countless films and televisions adventures.
Now read how the legend began...
Bon, j'avoue, je me suis bien marrée :D Mais c'est tellement chouette, les clichés qui ne se prennent pas au sérieux ! C'est d'ailleurs bien pour ça que je recommande la lecture en VO : le kitch passe beaucoup mieux en anglais ;p ( simplissime, en plus, l'anglais : profitez-en ! )
The Curse of Capistrano ( rebaptisé ensuite "The Mark of Zorro" ) est le tout premier roman dans lequel apparaît le personnage du renard masqué. A l'origine, il s'agit d'une Pulp Fiction, un feuilleton à deux sous publié dans un hebdomadaire bon marché, et surtout d'une histoire finie : il ne s'agit pas d'un "pilote", ou d'un roman inaugural, mais bel et bien d'un one-shot. L'intrigue est close, avec happy ending et tout le bazar. Et ce qui est génial, c'est justement le fait qu'un roman obscur et médiocre ait pu en engendrer d'autres... et créer un personnage dont le cinéma fera la fortune, donnant ainsi naissance au grand mythe ultra-populaire que nous connaissons tous.
Alors oui, pour peu qu'on se laisse prendre au jeu du manichéisme et des clichés simplistes, ce roman est un enchantement... car il permet de comprendre beaucoup de choses au sujet du Señor Zorro et de son univers.
L'histoire commence dans une taverne du pueblo de Los Angeles, où le tenancier se dispute avec un certain sergent Gonzales au sujet du nouveau fléau qui hante El Camino Real : "Señor Zorro", Mr. Fox, alias "the Curse of Capistrano" : un hors-la-loi qui, dit-on, attaque les grands propriétaires et détrousse les convoyeurs d'impôts... pour châtier ceux-là qui maltraitent les indiens et les frailes, et redistribuer l'argent du gouverneur aux plus pauvres de la contrée. Les uns le prennent pour un bandit, les autres pour un héros... mais personne n'a jamais vu son visage, qui est toujours masqué. Le tenancier hausse les épaules, Gonzales se moque, et un certain Don Diego Vega, jeune aristocrate oisif et hypocondriaque arrivé sur ces entrefaites, entend toute la conversation... Il s'en va, et quelques instants plus tard, le fameux Señor apparaît, et défie Gonzales. Duels en chaîne, courses poursuites à cheval, jeune et jolie señorita à séduire et à sauver des griffes du méchant Captain Ramòn, lequel, en plus d'être un bloody "insulter of girls", est également le bras droit du gouverneur, et s'acharne avec lui pour persécuter la population de Los Angeles.
L'intrigue tourne surtout autour de la rivalité Ramòn/Zorro, et de la famille Pulido, dont le père est un noble en disgrâce, que l'on va accuser d'être un complice de Mr. Fox pour le perdre, et ainsi pouvoir épouser tranquillement sa fille, la jeune et charmante Lolita (XD). Cette dernière est d'ailleurs courtisée par Don Diego, qui doit absolument se trouver une femme, mais qui n'a ni l'envie de séduire, ni le talent pour le faire. Lolita le repousse sans arrêt, ne voulant pas d'une chochotte pareille pour mari, mais tombera sous le charme de Zorro, venu lui faire sa cour envers contre tout, en risquant sa vie pour ses beaux yeux...
Bref, un héros justicier, une jeune fille pure et persécutée, des méchants très méchants, de l'action, de l'humour, de la romance... Que demander de plus pour rigoler un bon coup ? XD
Tous les éléments qui feront la richesse du mythe de Zorro sont là, en fait ou en germe : la double identité, le sens de la justice, le rire comme arme suprême contre le malheur et la méchanceté, mais aussi l'amour filial, l'oubli de soi au profit des autres, et l'ambiguïté profonde que permet le masque et le statut de déclassé. Car le Zorro de McCulley n'est pas tout lisse, au contraire : il répond à la violence par la violence, n'hésite pas à menacer pour arriver à ses fins, ni à tuer lorsqu'il le faut. De même, ce n'est pas non plus encore le héros solitaire dont l'isolement et le mystère font toute la valeur : Zorro recrute des compagnons, de jeunes nobles qui veulent également s'opposer au régime, donnant ainsi à l'affaire une coloration beaucoup trop "politique" pour être vraiment idéale. A mon sens, le vrai Zorro n'est pas un homme de parti, ni même un révolutionnaire : c'est un homme seul qui lutte, non pas pour renverser tel ou tel régime ou pour rendre le pouvoir à quelqu'un, mais bel et bien pour la justice en elle-même. Zorro doit rester seul car il incarne un idéal "personnel", une ligne de conduite, c'est à dire quelque chose de profondément intime, quoiqu'il se batte pour la liberté du peuple. Mais cette liberté là n'est pas une cause politique : c'est une affaire d'honneur et de principes.
Pareillement, l'histoire d'amour et le happy ending ("ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants") sonnent faux, quelque part... Parce que Diego révèle son identité, et laisse mourir Zorro, en fusionnant avec lui. Or, Zorro doit pouvoir continuer d'exister... Diego doit pouvoir rester Zorro, d'autres doivent pouvoir prendre le relais, pour que toujours subsiste l'"idée que la justice est possible" : si Zorro tombe le masque, la légende s'écroule en même temps que le mystère, puisqu'elle ne sera plus jamais "réalisable". Une légende qui s'accomplit est une légende qui meurt. Et je ne sais pas pour vous, mais l'idée que le mythe de Zorro puisse mourir me fout un peu les pétoches...
Heureusement, il y a tout de même beaucoup de bons points : l'humour et l'auto-dérision omniprésents qui rachètent le côté téléphoné de l'intrigue et de l'écriture, les ébauches de personnages que l'on s'amuse beaucoup à comparer à ceux qu'ils deviendront plus tard : le méchant Gonzales deviendra le stupide mais néanmoins très attachant sergent Garcià ; le vieux serviteur sourd, muet et attentionné deviendra l'inénarrable complice Bernardo ; Señor Zorro lui-même, outlaw amoureux revêtu de sa cape violette ( yeurk! ) deviendra le chevalier noir au sourire étincelant et au coeur toujours libre... et Diego, le formidable Diego, dandy, chichiteux, "lifeless", paresseux, tête-à-claques, souvent stupide... Rah, ce personnage est vraiment LE point fort du roman, celui qui déchire tout et qui nous fait mourir de rire au moins trois fois par chapitre. Vraiment, il n'a rien à voir avec l'intellectuel classieux et nonchalant campé par Guy Williams, ou le gandin décadent de Fairbanks (qui par ailleurs sont des interprétations superbes en elles-mêmes), mais il est tout simplement génial !! Rien que pour lui, ça vaut le coup de lire le bouquin.
Et si en plus vous aimez Zorro, alors c'est un incontournable ;)
The Mark of Zorro
by Johnston McCulley
by Johnston McCulley
( originalement publié sous le titre "The Curse of Capistrano" )
Old California, in a bygone era of sprawling haciendas and haughty caballeros, suffers beneath the whiplash of oppression. Missions are pillaged, native peasants are abused, and innocent men and women are persecuted by the corrupt governor and his army.
But a champion of freedom rides the highways. His identity hidden behind a mask, the laughing outlaw defies a tyrant's might. A deadly marksman and a demon swordsman, his flashing blade leaves behind...
First published in 1919, The Mark of Zorro has inspired countless films and televisions adventures.
Now read how the legend began...
Bon, j'avoue, je me suis bien marrée :D Mais c'est tellement chouette, les clichés qui ne se prennent pas au sérieux ! C'est d'ailleurs bien pour ça que je recommande la lecture en VO : le kitch passe beaucoup mieux en anglais ;p ( simplissime, en plus, l'anglais : profitez-en ! )
The Curse of Capistrano ( rebaptisé ensuite "The Mark of Zorro" ) est le tout premier roman dans lequel apparaît le personnage du renard masqué. A l'origine, il s'agit d'une Pulp Fiction, un feuilleton à deux sous publié dans un hebdomadaire bon marché, et surtout d'une histoire finie : il ne s'agit pas d'un "pilote", ou d'un roman inaugural, mais bel et bien d'un one-shot. L'intrigue est close, avec happy ending et tout le bazar. Et ce qui est génial, c'est justement le fait qu'un roman obscur et médiocre ait pu en engendrer d'autres... et créer un personnage dont le cinéma fera la fortune, donnant ainsi naissance au grand mythe ultra-populaire que nous connaissons tous.
Alors oui, pour peu qu'on se laisse prendre au jeu du manichéisme et des clichés simplistes, ce roman est un enchantement... car il permet de comprendre beaucoup de choses au sujet du Señor Zorro et de son univers.
L'histoire commence dans une taverne du pueblo de Los Angeles, où le tenancier se dispute avec un certain sergent Gonzales au sujet du nouveau fléau qui hante El Camino Real : "Señor Zorro", Mr. Fox, alias "the Curse of Capistrano" : un hors-la-loi qui, dit-on, attaque les grands propriétaires et détrousse les convoyeurs d'impôts... pour châtier ceux-là qui maltraitent les indiens et les frailes, et redistribuer l'argent du gouverneur aux plus pauvres de la contrée. Les uns le prennent pour un bandit, les autres pour un héros... mais personne n'a jamais vu son visage, qui est toujours masqué. Le tenancier hausse les épaules, Gonzales se moque, et un certain Don Diego Vega, jeune aristocrate oisif et hypocondriaque arrivé sur ces entrefaites, entend toute la conversation... Il s'en va, et quelques instants plus tard, le fameux Señor apparaît, et défie Gonzales. Duels en chaîne, courses poursuites à cheval, jeune et jolie señorita à séduire et à sauver des griffes du méchant Captain Ramòn, lequel, en plus d'être un bloody "insulter of girls", est également le bras droit du gouverneur, et s'acharne avec lui pour persécuter la population de Los Angeles.
L'intrigue tourne surtout autour de la rivalité Ramòn/Zorro, et de la famille Pulido, dont le père est un noble en disgrâce, que l'on va accuser d'être un complice de Mr. Fox pour le perdre, et ainsi pouvoir épouser tranquillement sa fille, la jeune et charmante Lolita (XD). Cette dernière est d'ailleurs courtisée par Don Diego, qui doit absolument se trouver une femme, mais qui n'a ni l'envie de séduire, ni le talent pour le faire. Lolita le repousse sans arrêt, ne voulant pas d'une chochotte pareille pour mari, mais tombera sous le charme de Zorro, venu lui faire sa cour envers contre tout, en risquant sa vie pour ses beaux yeux...
Bref, un héros justicier, une jeune fille pure et persécutée, des méchants très méchants, de l'action, de l'humour, de la romance... Que demander de plus pour rigoler un bon coup ? XD
Tous les éléments qui feront la richesse du mythe de Zorro sont là, en fait ou en germe : la double identité, le sens de la justice, le rire comme arme suprême contre le malheur et la méchanceté, mais aussi l'amour filial, l'oubli de soi au profit des autres, et l'ambiguïté profonde que permet le masque et le statut de déclassé. Car le Zorro de McCulley n'est pas tout lisse, au contraire : il répond à la violence par la violence, n'hésite pas à menacer pour arriver à ses fins, ni à tuer lorsqu'il le faut. De même, ce n'est pas non plus encore le héros solitaire dont l'isolement et le mystère font toute la valeur : Zorro recrute des compagnons, de jeunes nobles qui veulent également s'opposer au régime, donnant ainsi à l'affaire une coloration beaucoup trop "politique" pour être vraiment idéale. A mon sens, le vrai Zorro n'est pas un homme de parti, ni même un révolutionnaire : c'est un homme seul qui lutte, non pas pour renverser tel ou tel régime ou pour rendre le pouvoir à quelqu'un, mais bel et bien pour la justice en elle-même. Zorro doit rester seul car il incarne un idéal "personnel", une ligne de conduite, c'est à dire quelque chose de profondément intime, quoiqu'il se batte pour la liberté du peuple. Mais cette liberté là n'est pas une cause politique : c'est une affaire d'honneur et de principes.
Pareillement, l'histoire d'amour et le happy ending ("ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants") sonnent faux, quelque part... Parce que Diego révèle son identité, et laisse mourir Zorro, en fusionnant avec lui. Or, Zorro doit pouvoir continuer d'exister... Diego doit pouvoir rester Zorro, d'autres doivent pouvoir prendre le relais, pour que toujours subsiste l'"idée que la justice est possible" : si Zorro tombe le masque, la légende s'écroule en même temps que le mystère, puisqu'elle ne sera plus jamais "réalisable". Une légende qui s'accomplit est une légende qui meurt. Et je ne sais pas pour vous, mais l'idée que le mythe de Zorro puisse mourir me fout un peu les pétoches...
Heureusement, il y a tout de même beaucoup de bons points : l'humour et l'auto-dérision omniprésents qui rachètent le côté téléphoné de l'intrigue et de l'écriture, les ébauches de personnages que l'on s'amuse beaucoup à comparer à ceux qu'ils deviendront plus tard : le méchant Gonzales deviendra le stupide mais néanmoins très attachant sergent Garcià ; le vieux serviteur sourd, muet et attentionné deviendra l'inénarrable complice Bernardo ; Señor Zorro lui-même, outlaw amoureux revêtu de sa cape violette ( yeurk! ) deviendra le chevalier noir au sourire étincelant et au coeur toujours libre... et Diego, le formidable Diego, dandy, chichiteux, "lifeless", paresseux, tête-à-claques, souvent stupide... Rah, ce personnage est vraiment LE point fort du roman, celui qui déchire tout et qui nous fait mourir de rire au moins trois fois par chapitre. Vraiment, il n'a rien à voir avec l'intellectuel classieux et nonchalant campé par Guy Williams, ou le gandin décadent de Fairbanks (qui par ailleurs sont des interprétations superbes en elles-mêmes), mais il est tout simplement génial !! Rien que pour lui, ça vaut le coup de lire le bouquin.
Et si en plus vous aimez Zorro, alors c'est un incontournable ;)